Loan appuie sur les cinq boutons du sceptre ce qui engendre une mélodie magnifique. Cinq petites lumières de différentes couleurs se transforment bientôt en une centaine de papillons qui se mettent à virevolter autour de la fée qui reprend alors une forme humaine. Elle porte une jolie robe de tissu blanc et un bouquet de fleurs colorées orne sa tête comme une couronne. Puis, lentement, sa peau devient de plus en plus foncée et prend bientôt l’aspect d’une magnifique écorce. Dans un dernier souffle, elle lance : «Merci LOAN… Merci de me libérer enfin.»

Un cerisier rempli de fleurs s’est enraciné dans la pièce. On devine, dans sa cime, le visage de la fée.

Loan n’en croit pas son œil. AÏkiou s’attendrit, puis reprend ses airs fougueux : «Loan? Loan?»

Loan est toujours dans la lune devant le spectacle. Aïkiou insiste : «Loan, il faut partir!»

Loan regarde l’autre côté de la vitrine, plus de fourmis ni d’agneaux, seulement un millier de ratons qui ronflent à l’unisson. Il semble que le savant fou n’ait plus d’emprises sur eux.

– Les bébés? Qu’est-il arrivé aux bébés? demande Loan.

– Les cigognes, en ne ressentant plus l’emprise du magicien fou, sont revenues les chercher pour les ramener à leurs parents. Seulement, lorsque nous sommes arrivés à la table d’opération pour te guérir, nous en avons vu un qui avait une tache sur le pied. Aucune cigogne ne l’a ramené. Il semble être orphelin. Il est ici. La fée en a pris bien soin.

Dans un panier que la fée semble avoir fabriqué, repose un petit bonhomme emmitouflé dans des couvertures spéciales faites de propolis. Aïkiou poursuit : «J’ai gardé pour nous, dans l’autre pièce, une cigogne plus grosse que les autres afin de sortir du château par la voie des airs. La fée a placé toutes les pièces d’or et le coffre dans un sac qu’elle semblait reconnaître, qui est sans fond et très léger.»

Aïkiou remet son masque et va chercher la cigogne dans l’autre pièce. Elle est plus costaude et fera l’affaire. Aïkiou l’amène sur la passerelle. Loan, qui n’est pas encore habile pour se déplacer avec un seul œil, se fait aider par Aïkiou pour monter avec le panier du bébé.

Ils s’envolent tous. Aïkiou dirige l’oiseau et le guide. Les amis repassent par-dessus le labyrinthe et la plaine. Tout est redevenu calme. Il voit quelques fourmis et agneaux retourner en troupeau dans la nature.

La cigogne transporte les amis vers l’horizon. Loan jette un coup d’œil sur le bébé et remarque que la tache sur son pied ressemble à une couronne. Peut-être que la cigogne l’emmènera vers ses parents. Loan touche à son cache-œil et prend un air triste avant de recevoir un sourire du bébé qui semble s’attacher à lui.